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ACTEURS PUBLICS : jacques-marzin-l-informatique-d-etat-pourra-compter-sur-un-cloud-hybride

Alors qu’un appel d’offres a été lancé le 12 avril par le service des achats de l’État sur le marché du cloud, le directeur interministériel des systèmes d’information et de communication détaille à Acteurs publics la stratégie adoptée par le secteur public pour l’informatique en nuage. Avec comme objectif la poursuite de la rationalisation et de la mutualisation des ressources des différents ministères. 

Quelle est la stratégie des services informatiques de l’État français en matière de cloud ?
Le système d’information de l’État pourra, à terme, s’appuyer sur deux clouds complémentaires. Un cloud interne, que l’on peut appeler “privatif” au sens où il sera hébergé et géré par l’administration. Il se destinera aux applications d’État et aux données sensibles, notamment personnelles, qui ne pourraient être confiées à un opérateur externe. Pour ce cloud privatif, nous avons encadré plusieurs expérimentations, avec d’une part la Dila [direction de l’information légale et administrative, ndlr], d’autre part les ministères de l’Agriculture et du Développement durable. Ces expérimentations nous ont amenés à opter pour un choix technologique commun qui permettra aux ministères de rendre interopérables leurs infrastructures serveur, l’idée étant que l’un puisse facilement exploiter la puissance informatique de l’autre. Parallèlement à ce chantier, le service des achats de l’État vient de lancer un appel d’offres auprès d’opérateurs cloud privés. Ce marché, dont la Disic [direction interministérielle des systèmes d’information et de communication, ndlr] est le prescripteur, entend répondre dès septembre prochain à des besoins plus ponctuels.
Quel est l’intérêt de ce cloud “externe” ?
Pour certains travaux de développement, les 18 000 informaticiens de l’État doivent disposer à la demande de machines virtuelles et de stockage. Des infrastructures dont ils n’auront peut-être plus besoin le lendemain… Dans une optique de rationalisation et de maîtrise de la dépense publique, il ne sert à rien pour l’État de surprovisionner ces ressources au sein d’un cloud privatif. D’autant qu’il ne détient pas la masse critique de “clients” permettant d’optimiser leur utilisation. Il était donc logique de faire appel à un opérateur extérieur.
De quels travaux de développement parle-t-on ?
Par exemple, de l’open data [ouverture des données publiques, ndlr], qui ne nécessite pas un niveau maximal de sécurité, ou de ce qui touche aux data-sciences, dès lors qu’elles portent sur des données anonymes. Ces sujets exigent de faire appel ponctuellement à un grand nombre de ressources. Le cloud externe répond par ailleurs à notre ambition de promouvoir les méthodes agiles au sein de l’État. À l’extérieur, ces développements seront nettement moins bridés que s’ils devaient respecter la politique de sécurité interne du système d’information de l’État. À travers ces aspects, le cloud externe sera un outil de travail particulièrement adapté aux besoins des nouvelles générations de développeurs.
Quelles seront les contraintes à respecter pour l’opérateur choisi et quel sera le coût de ce service pour l’État ?
Le cahier des charges de l’appel d’offres est très précis. Il demande notamment de respecter les règles de sécurité édictées par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. La politique de sécurité des systèmes d’information (PSSI) précise notamment que les données en question doivent être hébergées sur le territoire national. Quant au coût, il restera très marginal par rapport à celui de l’ensemble du système d’information de l’État. Aujourd’hui, l’hébergement interne de l’open data est par exemple évalué à moins de 20 000 euros par an. À terme, il faudra surtout faire la démonstration que le modèle économique du cloud est intéressant pour les ministères et qu’un équilibre peut se trouver entre informatiques interne et externe.
Ce recours au cloud va-t-il nécessiter de nouvelles compétences au sein de l’État ?
Fonctionner au sein d’un environnement virtuel réparti sur plusieurs datacenters impacte directement la façon de développer les applications. L’un des enjeux est de développer une application pour plusieurs milliers d’utilisateurs, s’appuyant sur des téraoctets de données sécurisées, qui saura être résiliente, c’est-à-dire se remettre en marche après un bug ou une panne, en dehors des mécanismes habituels de sauvegarde. C’est bien là qu’il faudra monter en compétences. 
Mais les ministères sont loin d’être à égalité sur ces compétences informatiques…
Il y a, c’est vrai, un problème d’accès aux compétences dans les ministères qui n’ont pas de corps technique ou administratif attractifs pour les informaticiens. Nous sommes en train de résoudre ce problème en ouvrant le corps des informaticiens du ministère de l’Intérieur au recrutement par d’autres ministères qui n’ont pas de corps ad hoc, et qui peinent à embaucher. Il faudra également travailler avec les grands corps techniques, notamment avec les ingénieurs des Mines qui ont choisi la filière Télécom, afin qu’ils viennent exercer leurs missions au sein de l’État. Le secteur public possède plusieurs atouts : il fait appel à la fibre citoyenne de ceux qui souhaitent travailler au service de l’intérêt général, et leur permet de suivre des projets informatiques de bout en bout, alors que leurs interventions sont souvent plus ponctuelles dans le secteur privé.

Article publié le 20 avril 2015.


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